Pour la création d’un « French Tech Hub » Luxembourg

Rappel du contexte. Le Business Club France Luxembourg a entériné différentes orientations visant à créer une communauté French Tech à Luxembourg. Ce projet, porté par nyuko prendrait la forme d’un « French Tech Hub », labellisé ou non, fédérant des entrepreneurs high tech français installés au Luxembourg. Réciproquement une communauté d’entrepreneurs high tech luxembourgeois implantés en France pourrait se constituer (Silicon Duchy ?). Ces actions devraient contribuer à positionner le Luxembourg comme un Etat promouvant l’innovation et la recherche dans le domaine de l’ICT. Ceci participerait d’une nouvelle image à revendiquer pour le Luxembourg sur la scène internationale (Nation Branding). En tant qu’observateur franco-luxembourgeois, j’ai voulu formaliser dans cette note quelques propositions d’actions visant à la constitution d’un écosystème ICT au Luxembourg.
(Auteur : Isaure d’Archimbaud est une lobbyiste expérimentée qui a choisi de s’installer au Luxembourg afin d’accompagner les entreprises et particulièrement les start-ups dans le développement de leurs activités / Crédit photo : Geran de Klerk)

Le Luxembourg a l’ambition de devenir à court / moyen terme une « start up nation » et y consacre des moyens importants (cf. déclaration du Premier Ministre sur le Plan Numérique et l’initiative Digital Lëtzebuerg)

L’écosystème ICT au Luxembourg comporte, de fait, un certain nombre de points positifs : une remarquable stabilité politique, économique et sociale, une fiscalité des sociétés et du capital attractive dans le contexte européen, une qualité des infrastructures de communication, un environnement ICT sécurisé, une capacité de financement via des aides publiques et des investisseurs privés, une protection des données.

Mais aussi des points négatifs : le manque de « talents », un réseau modeste d’entrepreneurs locaux innovants et de ce fait un écosystème restreint qui nécessiterait une dynamisation des réseaux avec la France et la Grande-Région.

La construction d’un écosystème de start-ups françaises à Luxembourg passera, qu’il soit labellisé ou non par la mission French Tech, par la démonstration en pratique de la capacité du Luxembourg à remplir deux conditions :

  • Favoriser un développement rapide des start-ups et des entreprises de croissance françaises au Luxembourg
  • Et réciproquement, rendre plus visible et attractive la France auprès des entrepreneurs, talents, et investisseurs du Luxembourg.
Favoriser un développement rapide des start-ups et des entreprises de croissance françaises au Luxembourg
  • Proposition n°1 – Fédérer les start-ups françaises dans l’écosystème luxembourgeois

Créer une structure (type association ASBL) rassemblant les start-ups françaises implantées au Luxembourg ou ayant bénéficié de financements publics et ou d’investissements privés en provenance du Luxembourg.

Cette structure permettrait de qualifier les indicateurs de réussite d’un French Tech Hub au Luxembourg :

Des indicateurs associés à la croissance des entreprises de la French Tech :

  • Nombre d’entreprises françaises à haut potentiel de croissance présentes ou cherchant s’implanter dans la métropole ou le territoire innovant en contact avec le French Tech Hub
  • Croissance (volume d’affaire) de ces entreprises
  • Volume de fonds levés par ces entreprises localement
  • « Success stories » de start-ups françaises venues se développer dans l’écosystème local

Indicateurs associés à l’attractivité de la French Tech au Luxembourg :

  • Réputation des start-ups de la French Tech au Luxembourg (mesurée par exemple par des études d’opinion, par la présence dans la presse, la visibilité dans les réseaux sociaux, etc.)
  • Nombre d’entrepreneurs et de start-ups luxembourgeois attiré en France

Investissement (nombre d’opérations et volume global) par des venture capitalists luxembourgeois dans des start-ups françaises.

Elle agirait pour structurer la présence française au sein du tissu entrepreneurial innovant (structures, réseau, programme d’animation de la communauté, etc.) et mettre en place un programme d’animation de l’écosystème French Tech Hub : évènements, networking, réseau social, plateforme web, etc.

L’association intégrerait à ses travaux les acteurs de l’écosystème accompagnant les start-ups : partenaires privés (grandes entreprises, sociétés d’investissement, sociétés d’accompagnement à l’international, etc.) et partenaires publics engagés dans le soutien aux entreprises de croissance françaises au Luxembourg notamment les organismes consulaires en particulier la Chambre de Commerce Française et d’Industrie au Luxembourg.

  • Proposition n° 2 – Développer des liens structurés avec les métropoles French Tech, les pôles de compétitivité français et associations professionnelles

Il s’agirait d’initier et développer des liens structurés avec les Métropoles FrenchTech et les pôles de compétitivité français, en mettant l’accent sur ceux consacrés aux MedTech et aux FinTech , dans le but de faciliter le « sourcing » des entreprises et pour assurer une fluidité des échanges entre les start-ups et leur écosystème.

Sont ainsi identifiés, dans le domaine des MedTech :

Dans le domaine des FinTech :

  • Proposition n°3 – Créer des partenariats pour accélérer l’accès des start up Françaises aux ressources et infrastructure de l’écosystème luxembourgeois

Ces partenariats attesteraient de l’insertion du French Tech Hub dans l’écosystème entrepreneurial luxembourgeois et intègreraient les offres déjà existantes portées par des acteurs locaux tels que Luxinnovation, Technoport, Lux Future Lab, nyuko), PwC’s Accelerator, Silicon Luxembourg

Ces partenariats seraient mis en place avec des incubateurs ou des accélérateurs de start-ups, des cabinets de conseil et de service (juridique, administratif, etc.), des associations chargées d’animer l’écosystème, des réseaux d’investisseurs, des établissements d’enseignement supérieur pour favoriser le recrutement, des médias « tech » locaux, des agences de relation presse et de communication pour la visibilité, etc.

  • Proposition n°4 – Créer un programme (« Lux Tech Ticket » ?) pour attirer les talents français au Luxembourg

Ce programme démontrera la capacité du Luxembourg à attirer les entrepreneurs français qui auront été sélectionnés pour leurs projets innovants.  Il serait ouvert à toutes les start-ups françaises labellisés Métropole French Tech et jouerait sur l’ensemble des leviers de la croissance d’une start-up au Luxembourg : insertion dans l’écosystème entrepreneurial local, mentorat par des entrepreneurs, accès aux clients, levée de fonds, accès aux talents, visibilité et relations média, etc.

A l’instar du French Teck Ticket il pourrait comporter un package incluant hébergement gratuit, procédure accélérée pour l’obtention d’un titre de séjour si le fondateur n’est pas européen, programme d’animation dédié, help desk assistant l’entrepreneur dans ses démarches administratives, subvention ( // En France 25 000 euros / an par entrepreneur )

  • Proposition n°5 – Faire du Luxembourg un lieu d’excellence pour la formation des ingénieurs /développeurs-codeurs

Le Luxembourg a d’ores-et-déjà implanté avec succès une succursale de l’école Webforce3  destinée à former des développeurs. Il s’agirait de développer des passerelles avec les écoles informatiques françaises les plus innovantes et notamment l’Ecole 42 fondée par Xavier Niel qui a récemment installé une succursale sur la côte ouest américaine, mais aussi le centre de formation Simplon.co qui s’exporte aussi à l’étranger.

Les relations ainsi crées permettraient de positionner le Luxembourg comme un lieu d’excellence en terme de formation dans le domaine de l’ICT drainant par la même des talents français au sein de l’écosystème luxembourgeois.

  • Proposition n°6 – Construire un cadre juridique et fiscal attractif pour les start-ups s’implantant au Luxembourg

Si la fiscalité des sociétés et du capital sont attractifs au Luxembourg, une analyse sans concession doit cependant être faite concernant le cadre juridique et fiscal existant actuellement pour l’entrepreneur innovant et plus généralement pour l’entrepreneur (cf le projet de loi sur la S.à r.l. à 1 euro qui se heurte à de fortes résistances internes). Cette analyse intègrerait un benchmark France / Angleterre / Allemagne des règlementations applicables dans ces pays. Un focus serait fait sur le statut existant en France de la JEI (Jeune Entreprise Innovante) et les dispositifs d’exonération fiscale pour les postes Recherche et Développement avec la perspective de créer au Luxembourg un statut juridique et fiscal spécifique aux start up et notoirement attractif comparativement aux autres systèmes existants.

  • Proposition n°7  – Lancer une campagne de communication en France sur le thème du Luxembourg place européenne majeure de l’ICT

Les actions ainsi lancées au Luxembourg s’accompagneraient d’une campagne d’information orchestrée en France sur le thème du Luxembourg place européenne majeure de l’ICT. Seraient visés les acteurs de l’écosystème ICT en France, les associations professionnelles « généralistes » telles que le MEDEF, CroissancePlus, la CGPME, le monde universitaire, les médias, les politiques…

Réciproquement aux actions visant à favoriser un développement rapide des start up françaises au Luxembourg, la construction d’un French Tech Hub implique de rendre plus visible et attractive la France auprès des entrepreneurs, talents, et investisseurs du Luxembourg.
  • Proposition n° 8 – Amorcer la création d’un «  Silicon Duchy » en France

Il s’agirait d’attirer en France des talents entrepreneuriaux, des start-ups, des investisseurs en capital-risque et des entreprises en forte croissance du Luxembourg, en ayant comme objectif de renforcer l’image attractive de la France comme pays d’accueil.

Un programme serait mis en place pour identifier et attirer des talents du Luxembourg vers la France en coordination avec les services de l’ambassade de France au Luxembourg ainsi que Business France et en s’appuyant sur des actions de communication utilisant les leaders d’opinion et les médias du Luxembourg.

Ce tour de piste effectué, il nous semble intéressant de connaitre le point de vue des fondateurs de start-ups sur ce qu’ils souhaiteraient faire évoluer au Luxembourg pour que se développe un éco système propice au développement de leurs activités.
Silicon Luxembourg recueillera donc les avis – en commentaires de cet article ou par email – exprimés sur ce sujet et en rendra compte prochainement à ses lecteurs.

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